Curé de l'Unité pastorale

Pierre Vandormael

curé de l'Unité pastorale

Janvier 2021

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Tu te souviens, Marie ?...

Tu te souviens, Marie,du petit matin sale où il fallut partir si vite

parce qu'ils voulaient tuer l'enfant ?

Tu te souviens qu'on ne savait que prendre

et que faire du chat et que l'enfant pleurait ;

Tu te souviens de la couleur du pays

quand on se retourne un instant

pour regarder le bonheur qu'on laisse là pour toujours ?

Tu te souviens de la faim, de la soif,

des yeux que la peur agrandit

quand on craint d'être poursuivie ?

Tu te souviens, Marie ?

Oh oui, On ne l'oublie jamais

la première nuit dans le désert,

la forêt qui bruisse à l'approche de la frontière,

les rouleaux de barbelés.

Tu te souviens des enfants morts sur les bateaux de la détresse

et de ce qu'on fait aux femmes, et des maris noyés ?

Tu les connais, toutes ces mères des camps d'Afrique,

des camps d'Asie, des bidonvilles d'Amérique,

des prisons et des goulags ?

Tout le monde n'a pas un âne pour partir, et le soldide Joseph...

Tu sais l'odeur des aéroports,Marie,

et le goût qui emplit la bouche quand les policiers avancent

et ferment la porte du ciel ?

Marie, petite fuyarde,

tu es toujours avec les déportés,

les explusés, les déplacés, les indésirables,

et tu le poses parmi les baluchons,

le petit que traque la violence :

DIEU .

Gérard Bessiere

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** Novembre 2020 **

« Où va-t-on ? »

C’est la question que l’on se pose lorsqu’ on doute de l’avenir, quand on est bousculé par des évolutions qui désarçonnent et qui font peur.

Depuis plusieurs mois, cette réflexion revient souvent. Les éclaircies semblent passées. On nous parle de seconde vague. Au début du confinement, certains affirmaient : « Quand on en sera sorti, rien ne sera plus jamais comme avant ». C’est vrai que le confinement strict du début fut la cause de bien des drames personnels ou collectifs. Parfois, ce fut aussi l’occasion de revenir à l’essentiel.

Dès les premiers signes de déconfinement, la machine s’est remise à tourner dans tous les sens : course après le temps, consommation … Après avoir vécu des moments si durs, on avait tous soif de reprendre une vie « normale ». Et parfois, j’avais l’impression que tout recommençait … comme avant.

Où va-t-on ? Combien de temps encore allons-nous vivre masqués et distants les uns des autres ? Je n’en sais pas plus que vous. Dans cet inattendu qui n’a été ni projeté, ni imaginé, nous voilà transformés en nomades dans notre propre pays. On ne sait pas où on va et on y va quand-même. Pas le choix. Cette vie ne ressemble à rien de ce que nous avons connu. C’est douloureux et inconfortable à bien des égards. Mon souhait est que l’on puisse ne rien oublier de ce que nous avons vécu pour oser. Oser poser des choix. Des choix de priorités. Des choix vivifiants … parfois à contre-courant. Sans oublier les solidarités que cette expérience nous révèle tous les jours.

Dans l’ombre de Sa main

Dans nos paroisses aussi, la période est rude. On est passé de rien à un peu plus. Mais cela reste compliqué et difficile. Ici aussi, on aurait envie de revenir à la vie d’avant.

Comme Abraham, nous pouvons accueillir l’Alliance que Dieu nous propose. Comme Abraham, nous ne savons pas où nous allons. Mais nous y allons quand-même. Nous ne sommes pas seuls. Le Seigneur nous précède. Etre nomade, c’est être ouvert et disponible au changement. Dans nos up, il y a des choses à ne plus faire, des habitudes à abandonner, des tris à exécuter et des trop plein à évacuer. C’est ce qui fera notre exode. Le Saint Père lui-même nous suggère de sortir du critère « on a toujours fait ainsi » (Evangelii Gaudium 23). Dans sa lettre pastorale d’octobre 2019, notre Evêque nous invite à oser. « Soyons nomades et explorateurs, membres d’un peuple en marche. Ainsi nous pourrons devenir missionnaires, c’est à dire communicateurs de la bonne nouvelle de l’amour de Dieu pour nous. »

Où va-t-on ? Comment va-t-on traverser les mois qui viennent ? Quelles priorités se donner ? Quels seront nos choix ?

Je voudrais pouvoir dire comme le prophète Isaïe : « Le Seigneur m’a abrité à l’ombre de Sa main » (Is 49,2). Et vous que diriez-vous ?

Faustin MANSIARA

curé de l'Unité pastorale

La Fraternité humaine

Au chapitre 11,6 du livre qui lui est attribué, le prophète Isaïe écrit : « le loup habitera avec l'agneau, la panthère se couchera avec le chevreau. Le veau, le lionceau et la bête grasse iront ensemble, conduits par un petit garçon. La vache et l'ourse paîtront ensemble, ensemble se coucheront leurs petits. Le lion comme le bœuf mangera de la paille. Le nourrisson jouera sur le repaire de l'aspic, sur le trou de la vipère le jeune enfant mettra la main. On ne fera plus de mal ni de violence sur toute ma montagne sainte, car le pays sera rempli de la connaissance de Yahvé, comme les eaux couvrent le fond de la mer. »

Il ne s'agit pas d'une folie ou d'une illusion. C'est un rêve, le rêve de l'homme de foi qui connait Dieu et l'homme. Le célèbre discours du pasteur noir américain Martin Luther King « I have a Dreams » nous aident à comprendre les paroles du prophète. Du 3 au 4 février, le pape François s'est rendu aux Emirats Arabes Unis pour une visite historique. Jamais dans l'histoire de l'Eglise, un pape ne s'est déplacé dans la péninsule arabique. Sur une terre qui se dit « terre de l'Islam », personne ne pensait qu'un jour, les autorités arabes et musulmanes seraient capables d'une telle ouverture et de réserver au pape un accueil cordial et chaleureux.

Les actes terroristes qui ont endeuillé l'Europe et continuent à faire couler le sang dans le monde font souffrir ceux qui vivent leur foi en vérité. Le nom de Dieu est le plus médiatisé et fait couler le sang. Le monde commence à craindre ceux qui se disent croyants car actuellement, « la foi » ne se manifeste plus par des actes d'amour et de miséricorde mais par des habits, une coiffure, quelques poils sur le menton et des cris.

Durant son séjour à Abou Dhabi, le pape et le grand Iman d'Al-Azhar ont signé un document sur « La fraternité humaine ». Le tweet posté par le pape sur son compte le lundi 4 février est important ! Il écrit : « le document sur la fraternité humaine que j'ai signé aujourd'hui à Abou Dhabi avec mon frère le Grand Iman d'Al-Azhar... ». Le mot le plus important est « mon frère ». Ils sont frères, fils d'un même Père et membres de la même famille humaine. Fait étonnant : un chrétien qui appelle un musulman son frère alors que l'histoire actuelle semble contredire ce qui est écrit ! Si nous connaissons Dieu qui manifeste son amour et sa sagesse dans la création, on ne peut considérer l'autre que comme un frère.

La religion est pour la paix, la réconciliation et le rassemblement des hommes dans l'unité. Elle relie les hommes à Dieu et entre eux. Le croyant est comme le trait d'union. Il parle de Dieu aux hommes et offre à Dieu les joies et les peines de l'humanité. Il est témoin de l'amour de Dieu devant les hommes et de la misère des hommes devant Dieu. Si l'autre est un frère, alors la prophétie d'Isaïe devient réalité. Le musulman et le chrétien vivront ensemble et seront frères.

Février 2019

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AU SERVICE DES PAUVRES

Pour celles et ceux qui ont suivi les travaux du deuxième concile du Vatican appelé Vatican II, ce fut un moment important et inoubliable dans l'histoire de l'Eglise et des conciles. Ce concile n'a pas été convoqué pour discuter de questions théologiques ou christologiques mais pastoraux. Ce concile n'a condamné personne mais a invité l'Eglise à se poser la question que les pharisiens avaient posé à Jean-Baptiste : « que dis-tu de toi-même ? » L'Eglise devait réfléchir sur sa fidélité à son fondateur, à son message , à l'homme vers lequel elle est envoyée. Si les textes sont parfois difficiles à comprendre parce que écrits dans un langage savant, un acte liturgique et prophétique nous aide à comprendre l'esprit et le message de ce concile.

La messe qui se célébrait dos au peuple est désormais célébrée face au peuple. C'est le signe d'une Eglise qui est dans le monde, pour le monde, qui écoute, discute, dialogue avec les hommes de son temps ; une communauté qui ne condamne pas mais voit dans la culture de l'homme à évangéliser ce qu'il y a de bien, de beau et de vrai et n'a pas peur de corriger les erreurs et les perversions de certains aspects de la culture moderne.

Bien que n'ayant pas fait partie des pères conciliaires, le pape François a bien compris l'intuition de ce concile quand il dit vouloir que l'Eglise soit comme un hôpital de campagne qui accueille et soigne les blessés de la vie avec pour médicament la miséricorde. Sa belle parole : « je veux une Eglise pauvre au service des pauvres » n'est pas seulement destinée à ramener la communauté des disciples à la vérité évangélique mais surtout à rendre l'Eglise crédible ... une crédibilité entamée par certains comportements et scandales de ses membres.

Depuis le Christ, passant par le temps apostolique jusqu'à aujourd'hui, l'Eglise est crédible quand elle se met du côté des pauvres et vit de manière pauvre. Voici une trentaine d’années, l'Amérique Latine était majoritairement catholique. La théologie de la libération vécue par l'Eglise latino-américaine, s'inspirant des Béatitudes, voulait faire du pauvre son propre libérateur. En Afrique, l'Eglise est restée pendant de longues années cette auberge des pauvres en scolarisant, donnant un avenir à une jeunesse négligée par l'Etat, en soignant les malades abandonnés faute de moyens.

Que ce soit en Asie, en Afrique ou en Amérique Latine, l'Eglise a réveillé et donné l'espoir de la libération aux peuples vivant dans la dictature et l'oppression. En ayant le souci de la périphérie, des pauvres et des marginalisés, elle a souvent fait peur aux autorités politiques. La pauvreté évangélique nous ramène à la parole du père de l'enfant prodigue à son fils aîné : « ce qui est à moi est à toi ». Ecoles, hôpitaux, églises sont la maison des pauvres et font grandir la promotion humaine. Comment s'occuper des pauvres sans être pauvre ? Comment humaniser le monde sans être humain ?

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Janvier 2019

Le visage de Dieu

Par son incarnation, Jésus a comme deux visages, non pas un monstre mais une révélation de sa double nature humaine et divine. Dans sa lettre aux Colossiens, St. Paul écrit : « Il est l'image du Dieu invisible ». Col.1,15 . L'auteur de l'épître aux Hébreux nous explique dans son premier chapitre, : « ce fils est resplendissement de sa gloire et expression de son être et il porte l'univers par sa parole ». Héb.1,3.

La gloire et l'humanité de Dieu se révèlent sur le visage de Jésus.

Ce qui frappe dans les Evangiles, c'est le regard de Jésus sur les hommes et sur le monde. Sa manière de regarder doit nous interpeller. Sur son visage se dévoile son cœur. Quand il pose son regard sur l'homme, c'est tout son intérieur qui se dévoile. Son regard ne fait pas peur. Il ne fait pas fuir mais apaise et réconforte ceux qui le croisent.

En Luc 7,36, Jésus est invité chez Simon, le pharisien. Pendant qu'ils étaient à table, une femme entre et apporte avec elle un flacon de parfum en albâtre. Tout en pleurs, elle baigne les pieds de Jésus de ses larmes et les essuie avec ses cheveux. Simon, qui l'avait invitée, voyant ces gestes, se dit en lui-même : « si cet homme était un prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche et ce qu'elle est : une pécheresse ». Jésus qui sait lire les intentions du cœur de l'homme dit à Simon : « tu vois cette femme ? ». Il ne s'agit pas d'observer le physique de la femme. C'est une invitation à changer de regard sur elle, sur les gestes qu'elle pose à l'endroit de Jésus. C'est la manifestation de l'amour, du vrai amour. Les autres peuvent lire sur notre visage le sentiment que nous leur portons. Le visage est comme un miroir, le reflet du cœur de l'homme.

Les pharisiens étaient considérés par leurs contemporains comme des hommes profondément religieux et respectables. Jésus, par contre, ne voyait en eux que des hypocrites, partisans d'un culte formaliste, loin de Dieu. Les pauvres, les malades et les publicains que la société rejette sont considérés comme les privilégiés de Dieu. Le regard de Jésus est aussi frappant dans le choix des apôtres et dans ses nombreuses fréquentations. On écrit souvent « Jésus vit ». En passant, il vit un homme assis au bureau des taxes, un homme qui s'appelait Matthieu. Qu'est-ce qu'il vit ? La réponse est dans la suite du texte... cet homme, Matthieu, considéré comme un corrompu, est capable de tout laisser pour se mettre à la suite du Christ. Zachée, chef des collecteurs d'impôts que Jésus a vu sur un sycomore, est capable de distribuer tout son avoir aux pauvres et de se réconcilier avec tous ceux qu'il a offensés pour suivre le Christ.

La conversion est aussi changement de regard sur les autres, sur le monde que Dieu a créé avec amour et qu'il aime tellement, selon l'expression de saint Jean, le disciple bien-aimé du Seigneur.

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Décembre 2018

LA SOIF

Une société sans modèle est une société sans avenir. Les jeunes ont besoin d'éducation et d'instruction mais aussi de modèles qui les font rêver et leur permettent de découvrir leurs propres talents et charismes pour les faire fructifier. Par ce qu'ils sont et ce qu'ils gagnent, les stars, les artistes et les sportifs font rêver pas mal de jeunes. Mais il est bon également qu'ils trouvent des modèles de vie qui peuvent servir d'exemple, qui leur font découvrir à quelle source spirituelle s'abreuver pour une vie cohérente. Ce besoin de modèle est d'ailleurs nécessaire à tout homme.

Dans l'Eglise aussi, nous avons besoin d'hommes et de femmes qui nous réveillent, nous bousculent dans notre médiocrité pour nous conduire à l'excellence. Malgré des textes à lire et à méditer, les hommes ont besoin de concret, de voir ceux qui incarnent la vertu, rayonnent de foi, de bonnes œuvres et d'intelligence pour s'en inspirer.

Un homme qui rayonne éclaire, oriente et nourrit. C'est avec plaisir qu'on écoute un sage ; c'est avec admiration qu'on regarde un saint, un homme juste et cohérent. Un homme juste, vertueux est comme une fleur à contempler ; la parole d'un homme sage est comme une musique agréable à l'oreille. Il est difficile d'oublier la parole d'un homme sage ou les gestes d'un homme juste. Ils sont pour nous une voix de la réussite, un chemin de progrès spirituel, une pensée active dont la finalité est la joie, la paix, l'équilibre intérieur.

Notre monde est caractérisé par la sécularisation. Les gens sont convaincus qu'on peut bien vivre et réussir sa vie sans Dieu. On revendique la liberté de conduire sa vie selon ses convictions personnelles, sans se référer à Dieu comme on dit dans le credo « le Père Tout-puissant, créateur du ciel et de la terre ». Même si on est indifférent à la question de Dieu, on est sensible au besoin de spiritualité. Elle est devenue un besoin pour trouver la force intérieure, pour donner consistance à sa vie et une valeur aux actes quotidiens.

Elle permet à la vie de s'épanouir, de circuler entre les êtres et la création.

Dans ce domaine, le monde est devenu comme un désert. Les hommes et les femmes cherchent un puits où s’abreuver. C'est sur ce point que les chrétiens sont invités à rendre un témoignage efficace pour le bien de l'humanité. Ce que nous faisons, les autres peuvent aussi le faire (les actes d'amour et de charité) mais la contemplation de l'INVISIBLE est comme une spécificité du croyant et du chrétien. Par sa vie spirituelle, le chrétien vole comme un aigle avec une vue perçante sur les besoins spirituels des hommes de ce temps.

La recherche de Dieu en lui-même est ce qui fait de nous des hommes spirituels, sources d'eau vive pour les autres.

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Novembre 2018

Que dis-tu de toi-même ?

Le vivre ensemble constitue un grand défi pour toutes les sociétés, des origines à nos jours. Quand il est une réalité, c'est la joie et le bonheur. Alors, on peut s'écrier avec le psalmiste, qu'il est bon, qu'il est doux pour des frères de vivre ensemble et d'être unis. S’il pose problème, c'est l'enfer et la communauté devient comme un ''Babel '', un lieu de confusion et de confrontation. Aujourd'hui, dans notre monde en mouvement, avec l'essor des réseaux sociaux, la parole se libère mais pas toujours dans le bon sens. On entend parfois des insultes, des menaces de mort, la xénophobie, le mépris de l'autre.

Les conflits qui déchirent aujourd'hui nos sociétés viennent surtout des communautaristes ou des identitaires, qui utilisent leur identité pour menacer ou exclure l'autre. Il y a une manière de concevoir son identité ou sa vocation pour apporter la paix et permettre à l'autre de vivre. Par ce qu'ils sont, certains pensent qu'ils sont humains et d'autres non. D'où chercher à humaniser ou ré-humaniser.

Dans ce climat, il est difficile de dialoguer, d'instaurer un coexistence pacifique entre le supérieur et l'inférieur, le civilisé et le barbare.

Sur le plan religieux, nous devons savoir que la religion ou la culture ne sont pas un but en soi mais des outils de rencontre, des ponts vers l'autre ; vers Dieu et vers l'homme. Jésus s'est défini comme « celui qui n'a pas d'endroit ou reposer sa tête ». Il était toujours en chemin ou en mouvement. Ce qu'il a le plus privilégié dans sa vie, c'est la rencontre. L'homme n'est pas une idée mais un être de chair et de sang, qui a un visage et un nom. Cette démarche de Jésus doit nous interpeller aujourd'hui si nous voulons la paix sociale, l'amitié entre les peuples.

Un monde où les religions, les cultures et les couleurs se croisent peut engendrer la peur. Il faut oser nouer une amitié par-delà les préjugés.

Dans une société cosmopolite, si on n’a pas une bonne idée de celui qui est différent de par sa culture, sa religion ou sa couleur, le vivre avec ou le vivre au milieu de sera toujours un problème. Par la rencontre, le masque tombe, l'autre révèle son vrai visage, se dévoile par la parole pour aboutir à l'amitié et au respect mutuel.

L'identité est nécessaire, elle dit ce que je suis. C'est la fierté de l'homme.

On peut la défendre mais il ne faudrait pas qu'elle reste un parallèle pour ne jamais rencontrer l'autre ni entrer en dialogue avec lui. Comme chrétiens, nous croyons que le vivre ensemble est possible et est une nécessité pour la paix.

Avec les croyants d'autres religions, l'amitié spirituelle est possible lorsque chacun porte l'autre dans la prière et peut dire '' prie pour moi''. La judaïcité de Jésus n'a pas été un obstacle mais une porte ouverte pour aller vers les autres.

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Octobre

REVÊTIR L'HOMME NOUVEAU

Avec des révélations de scandale de membres du clergé, le mois d'août a été un mois difficile pour l'Église universelle et plus difficile encore pour le pape François qui devait se rendre en Irlande pour la rencontre mondiale des familles. Une situation pénible pour l'Église entière et pour chaque chrétien en particulier. Cela a provoqué une crise de confiance dans l'Église et envers l'Église institution.

Pasteur de l'Église universelle, le pape a courageusement écrit au peuple de Dieu pour l'inviter à une nouvelle manière d'être Église, afin de mettre fin à ce mal qui blesse le monde. Il écrit : « l'ampleur et la gravité des faits exigent que nous réagissions de manière globale et communautaire. » Il s'agit de réagir comme peuple de Dieu, communauté des baptisés. Cette phrase est importante : elle nous enseigne l'esprit dans lequel nous devons travailler si nous voulons gagner ce combat. C'est par cette attitude que nous allons construire un nouvel avenir pour notre Église. Ce mal est comme une corruption spirituelle, un aveuglement.

Ce qui touche l'Église concerne tous les baptisés. Il est donc important de veiller sur soi-même et d'aider l'autre qui risque d'être atteint par ce mal. La corruption spirituelle, selon une expression biblique, est comme « être habité par l'esprit mauvais » qui rend l'homme impur et méchant à l'égard de son prochain.

Comme chemin de purification de l'Église et de transformation individuelle, le pape ajoute : « il est nécessaire que chaque baptisé se sente engagé dans la transformation ecclésiale et sociale dont nous avons tant besoin. Une telle transformation nécessite la conversion personnelle et communautaire et nous pousse à regarder dans la même direction que celle indiquée par le Seigneur. »

L'esprit et la méthode que le pape enseigne dans cet écrit est ce qui différencie les chrétiens dans leur combat contre le mal et dans leur manière de vivre. Il n'invente rien mais nous rappelle ce que le Christ a enseigné et ce que Paul rappelle souvent dans ses lettres.

Au lieu d'abandonner l'Église, nous allons nous engager à combattre le mal. Jésus est venu pour sauver le cœur de l'homme, centre intime et secret de la personne.

Et ce mal à vaincre et détruire est en l’homme. C'est en changeant le cœur de l'homme qu'on change la société et l'Église.

Cette crise nous appelle à une renaissance, à une nouvelle manière de vivre notre foi.

Le chrétien sait qu'il fait partie d'un corps et est donc solidaire des autres membres.

Sa conversion fait reculer le mal et contribue à la sanctification de l'Église comme communauté de salut.

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Juillet - Août

HOMMAGE AUX SŒURS DE RACOUR

« Ne soyez pas bouleversés » : c'est la parole que Jésus adresse à ses apôtres la veille de son départ. Après trois ans de vie publique et de ministère,l'heure est arrivée pour lui de passer de ce monde au Père. En prononçant ces paroles, Jésus sait dans quel état se trouvent ses amis, le choc ressenti dans leur cœur. Ce n'est pas un simple choc émotionnel mais la vie des apôtres qui est ainsi bouleversée. Ils doivent apprendre à vivre et à travailler sans le Maître.

C'est un temps de maturité, de responsabilité, de créativité, d'audace et de risque qui s'ouvre pour eux.

Le 22 avril dernier, la communauté de Racour, réunie dans l'église Saint-Christophe, a rendu un bel hommage aux trois religieuses de l'Institut des Sœurs de St.Joseph. La belle célébration eucharistique a été présidée par le Vicaire Épiscopal en charge de la vie religieuse dans le diocèse de Liège, le Père Patrick Bonte, osc.

En fin de célébration, madame Colette Falaise, échevine en charge du culte, a prononcé un discours résumant bien le sentiment des chrétiens et habitants de Racour et de tous ceux qui connaissaient les Sœurs Agnès, Jacintha et Ghislaine. Elle a dit : « C'est avec consternation et beaucoup de tristesse que la population et les paroissiens de Racour ont appris en octobre dernier la nouvelle , venue de l'Institut des Sœurs de St.Joseph en France, de restructurer leur congrégation. La maison de la rue de Landen qui servait de couvent aux Sœurs Agnès, Jacintha et Ghislaine allait être fermée et celles que nous connaissons depuis tant d'années allaient être rappelées dans le courant de l'année 2018 pour un repos bien mérité ou d'autres tâches.

On ne savait pas encore exactement où mais probablement à Munster-Bilzen où se situe la maison régionale de leur communauté. »

Devant ce départ décidé par la Supérieure de la congrégation, Colette a encore eu des mots justes pour dire : « difficile pour tous de tourner la page d'une histoire commune, partagée depuis 77 ans entre les habitants et toutes les sœurs affectées à Racour depuis le début de leur mission.»

La fin du discours est encore très touchant quand, en s'adressant aux trois Sœurs en partance, Colette leur dit : « Vous avez partagé avec les résidents de la maison de repos, la population et les paroissiens de Racour tant de moments privilégiés, tristes ou heureux, de douleurs et de joies ; vous avez toujours rempli vos missions et rendu service à tous avec dévouement et empathie.

Sachez que vous resterez dans nos mémoires, dans nos cœurs, et que chacun ici présent, toutes opinions philosophiques confondues, vous est reconnaissant et vous remercie très sincèrement de tout ce que vous avez fait durant toutes ces années . »

Merci, mes sœurs.

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Juin

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Chrétiens dans le monde

Ces derniers jours à travers les médias, on a longuement commenté les événements de mai 1968 qui constituent une grande révolution culturelle en Europe et dans le monde.

Ce mouvement est considéré par de nombreux commentateurs et analystes comme antiautoritaire, activiste et libertaire (hebdomadaire La Vie du 25 avril 2018).

À la suite de ce mouvement, nous en connaissons d'autres comme « Indignez-vous » avec Stéphane Hessel, les altermondialistes qui refusent la société de consommation qui n'est pas un modèle de bonheur pour tous. Pour un mieux-être dans le monde, il n'y a pas que l'avoir mais l'Être aussi. L'argent est nécessaire mais ne doit pas nous faire oublier la place de l'amour, de la solidarité et du partage. L'homme est un être de besoin et de relation. Il a besoin d'argent pour se prendre en charge mais pour son bonheur, il a grandement besoin d'amour, d'amitié et de rencontre.

Comme chrétiens, nous ne pouvons rester indifférents ou hostiles à la soif de changement qui habite ceux qui désirent un monde meilleur. Les défis de ce monde et les événements nous invitent au courage et au discernement. Pour nous, le Christ et son Evangile sont source d'inspiration dans nos engagements. Par sa vocation, le chrétien est un être qui vit et existe pour les hommes et sa société. L’Évangile nous rend profondément humains vis-à-vis de ce qui touche l'humanité, le cosmos.

Jésus, notre Maître, n'a pas changé le monde en fonction de l'attente de ses contemporains. Par sa manière de vivre, il a montré l'homme nouveau et le monde nouveau que tous espèrent et attendent. Sans rien casser ni détruire, son style de vie, sa manière d’être fait tomber beaucoup de barrières entre les hommes et modifier mentalités et comportements. Par ce qu'il est, il a mis la religion et la société en crise.

Par sa voix, il instruit. Par sa vie, il entraîne. Il ne dit pas seulement la vérité, il est la vérité. Sa personnalité riche et sa cohérence de vie attirent, exhortent, encouragent.

La plupart de nos « libérateurs » nous proposent des principes, non pas leur vie.

Ils poussent les autres et protègent leur propre vie. Il suffit de les voir quand ils sont au pouvoir.

La foi chrétienne est une spiritualité, une formation et une vie. C'est pourquoi Saint Paul a dit : « je vis, ce n'est pas moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi ».

Avant de changer le monde, le chrétien vit dans son esprit et dans sa chair le changement qu'il souhaite pour sa société. L’Évangile du Christ nous apporte la passion pour Dieu et pour l'homme. Par notre vie et notre témoignage, nous voulons montrer aux hommes que le monde actuel n'est pas définitif ; la foi en Jésus renouvelle toute chose et humanise le monde.

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LA PAROLE DE DIEU

Dans les Actes des Apôtres, il est écrit après la Pentecôte : « la Parole de Dieu croissait et augmentait ». Actes 6,7. C'est par l'activité missionnaire de l'Eglise que la Parole se répandait hors de Jérusalem et croissait dans le cœur des croyants. On veut nous montrer ici la puissance et la fécondité de la Parole dans le monde. La prédication missionnaire fait augmenter le nombre de fidèles, multiplie les fruits de conversion et de vie nouvelle. La Parole prêchée a toujours un impact dans le cœur de ceux qui l'accueillent. C'est comme si cette fécondité avait deux aspects : la quantité et la qualité. Ils étaient nombreux, ceux qui se convertissaient et devenaient meilleurs.

Comment faire croître cette Parole dans le cœur des hommes ?

Par la lecture, l'écoute et la méditation, la Parole écoutée et accueillie devient la vie de la personne. La foi ne consiste pas seulement à affirmer de façon dogmatique un ensemble de croyances ou de vérités, mais à comprendre et à intérioriser ce que l'on croit. Les athées et les agnostiques sont souvent capables d'expliquer et de justifier leur incroyance. Dans le monde d'aujourd'hui, la plupart des chrétiens sont incapables d'expliquer, de justifier et de témoigner de leur foi. Notre foi doit être une foi éclairée, vivante et agissante pour la simple raison qu'actuellement, tout ce qui est avancé dans le monde est prouvé.

Il est donc essentiel pour un croyant de comprendre et bien vivre sa foi, pour en montrer sa valeur et sa fécondité dans la vie du monde.

Faire de la volonté de Dieu sa propre volonté est une façon de bien révéler le visage de Dieu, la place importante de la religion et de la spiritualité dans la vie de tout homme. Les apôtres transfigurés par la foi en la résurrection ont fait naître un monde nouveau et un nouveau style de vie. En effet : « la multitude de ceux qui étaient devenus croyants avaient un seul cœur et une seule âme ; et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun ». Actes 4,22

Une vraie foi conduit à la transformation de la vie et à l'action.

C'est la caractéristique de la religion fondée par Jésus et répandue dans le monde par les apôtres dans la puissance de l'Esprit. Partout où il est passé, Jésus a fait le bien. Suivre son exemple est le signe qu'on a compris son message et qu'on est son disciple. Justifier sa foi, c'est montrer ce que l'on devient en vivant cette foi. La foi au Christ rend l'homme bon pour bien faire toute chose.

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Avril 2018

CHRIST EST RESSUSCITE

La fête de Pâques un 1er avril ! Il ne faudrait pas penser que c'est un poisson d'avril. Même si nous nous disons chrétiens, nous devons toujours nous demander si nous comprenons ce que nous croyons. Dans la Bible, il y a beaucoup de malentendus entre Jésus et les autorités religieuses de l'époque sur la compréhension des Ecritures ; de même avec les apôtres au sujet de sa messianité et sa relation avec le Père. En tant que chrétiens, nous sommes appelés à toujours écouter, réfléchir et comprendre le mystère de Dieu et la richesse de notre foi. Pour cela, il faut garder et cultiver l'humilité de l'eunuque éthiopien qui répondait au diacre Philippe : « comment pourrai-je comprendre si je n'ai pas de guide ? » Actes 8, 31.

Nous devons savoir que la résurrection du Christ est un mystère. Et devant ce mystère de Dieu qui se fait connaître, nous sommes des esprits sans intelligence, cœurs lents à croire tout ce qu'ont déclaré les prophètes. C'est le reproche que faisait Jésus aux deux disciples d'Emmaüs. Ce n'est pas une injure mais la faiblesse de l'homme à percer le mystère de Dieu. Christ est ressuscité selon les Ecritures, nous dit la Bible. Pour comprendre, il est nécessaire de connaître la puissance de Dieu et les Ecritures.

L'incarnation de Jésus, sa crucifixion sont publiques mais la résurrection est confidentielle. Seuls les apôtres et quelques témoins peuvent attester que Jésus est ressuscité. En effet, Jésus échappe aux lois de la nature. Il apparaît aux apôtres au Cénacle alors que les portes sont verrouillées. Les disciples ont vécu, mangé et bu avec lui pendant trois ans et ont du mal à le reconnaître. Ils le prennent pour un jardinier, un fantôme ou un inconnu. Jésus n'est plus le même. La relation avec ses amis est autre. A Marie qui voulait le toucher, Jésus dit : »ne me retiens pas ! Car je ne suis pas encore monté vers mon Père ». Jn 2O,16 .

La multitude d'expressions qu'on trouve dans la Bible à ce sujet démontre que les apôtres sont devant une nouveauté. Le langage humain est pauvre pour contenir et expliquer ce mystère. Pour une même réalité, on parle de « ressusciter, s'élever, réveiller, enlever, glorifier ». Quand sur la montagne sainte, Jésus est transfiguré en présence des apôtres Pierre, Jacques et Jean, il leur recommande de ne raconter à personne ce qu'ils avaient vu, jusqu'à ce que le Fils de l'homme ressuscite d'entre les morts. Et Marc écrit : « ils observèrent cet ordre, tout en se demandant entre eux ce qu'il entendait par « ressusciter d'entre les morts ». Mc 9,1O

Le tombeau vide est pour les apôtres une question, pas une réponse ! Jean est le premier à croire en voyant le tombeau vide. Pour les autres, c'est une question, une énigme, le point de départ d'une réflexion et d'une recherche. Oui, il est grand le mystère de la foi.

Janvier 2018

Signes par milliers

L'année 2O17 s'est terminée avec la disparition de deux grandes figures de la culture française : Jean d'Ormesson et Johnny Halliday, grand artiste musicien et idole de nombreux jeunes. Pour paraphraser Jean d'Ormesson, ces deux absents seront toujours présents dans le cœur et l'esprit de nombreuses personnes. Par leur vie et leurs œuvres, ils continueront longtemps à inspirer beaucoup d'esprits et à toucher beaucoup de cœurs en France et dans le monde.

Quand on regarde la situation de l'Eglise dans le monde aujourd’hui, plus particulièrement en Europe, on se pose la question : où allons-nous ?

Notre monde n'est pas né chrétien. Il est devenu chrétien grâce aux charismes et témoignages de nombreux personnages que l'Eglise appelle des saints. Parmi eux, il y a de grands penseurs, des artistes, des hommes et des femmes de grande charité qui ont eu le mérite, dans certaines circonstances, de réveiller les consciences sur certaines questions de société. Ils ont influencé la manière de vivre du peuple.

Avant la venue du Christ, il y a eu un homme : Jean-Baptiste, chargé par Dieu de préparer la venue du Seigneur. Par son enseignement, son style de vie, son régime alimentaire, cet homme a été une interpellation pour ses contemporains.

C'est grâce à son témoignage que beaucoup ont accueilli le Christ. A la suite de Jean-Baptiste, nous pouvons dire que le monde a besoin d'hommes capables de se mettre au service de l'espérance d'un monde nouveau que porte en lui tout homme.

La naissance du monde chrétien a représenté une autre manière de penser et de vivre, une rupture avec le monde ancien. Par leur témoignage inspiré par l'Evangile du Christ, les chrétiens ont fait naître un monde nouveau. Dieu a besoin de nous. Il veut faire de nous des témoins transparents et humbles comme le Baptiste.

La question qui doit nous préoccuper aujourd'hui, c'est « comment être chrétien dans un monde qui s'éloigne de Dieu, qui reste sourd à son message ». En nous inspirant de Jean-Baptiste et des grands témoins de l'Eglise, il s'agit pour nous d'inventer un christianisme pour aujourd'hui. Le message reste le même pour toutes les générations mais le langage et le témoignage sont différents. Si on tue au nom de la religion, nous devons montrer par notre témoignage que la foi en Dieu permet de vaincre les forces de la mort. Nous pouvons créer la solidarité avec les personnes fragiles et nous montrer proches de ceux qui souffrent. A l'heure où on veut faire disparaître les signes chrétiens de notre culture, rappelons-nous que le vrai signe de la présence de Dieu est l'homme qui aime et qui fait du bien à son prochain. Dieu est présent et agissant, pas seulement là où il y a la croix, mais là où il y a l'amour.

Juillet et août 2017

Unis dans l'amour de Dieu

Le temps pascal s'est terminé avec la fête de la pentecôte, fête importante pour comprendre la personne, la mission du Christ et celle de l'Eglise, corps du Christ ressuscité. En effet, le soir du premier jour de la semaine, jour de la résurrection, Jésus vient rencontrer les apôtres au Cénacle . Ils vivaient dans la peur et Jésus leur souhaite la paix. Cette paix signifie qu'il sera avec nous comme le Père a été avec lui pendant sa mission. Après cela, il souffle sur eux et leur dit : « recevez l'Esprit saint ». Cet Esprit qui était avec le Christ durant toute sa vie nous a été donné par le baptême et la confirmation. La vie chrétienne est donc une vie dans l'Esprit qui nous pousse à la mission. A la pentecôte, il nous arrive de chanter ce beau chant « ô Seigneur, envoie ton Esprit ! Qu'il renouvelle la face de la terre. » C'est la mission et l'engagement des chrétiens et des hommes de bonne volonté qui changent le monde. L'Esprit ne change pas seulement la face de la terre ; il rajeunit l'Eglise et lui montre de nouvelles voies. La mission chrétienne ne se fait pas de la même façon partout dans le monde. Le programme, les structures de l'Eglise et les plans de la mission viennent de l'Esprit qui inspire l'Eglise afin qu'elle soit capable de rencontrer les hommes et de parler un langage de ce temps. Le jour de la pentecôte, une réalité nouvelle est née : une Eglise qui parle et se fait comprendre dans toutes les langues. Des hommes de cultures différentes proclament la même foi dans des langues différentes et sont devenus frères en Jésus. La différence qui a toujours été un obstacle au vivre ensemble est devenue une grâce et un bien pour la vie de l'Eglise. Il est important que les chrétiens comprennent la mission et l'oeuvre de l'Esprit qui réalise le souhait du Christ : « qu'ils soient un »... l'unité du genre humain et des croyants. L'évolution du monde a également poussé l'autorité ecclésiastique à changer les structures de l'Eglise. La paroisse, ce n'est plus « notre clocher » mais l'Unité pastorale .Un changement de mentalité de chacun est donc nécessaire. Nous avons peur, comme les apôtres au Cénacle. Nous sommes réticents à sortir pour bâtir l'Unité Pastorale. Le clocher ne peut pas être la frontière ou l'obstacle pour le vivre ensemble et la fraternité. C'est à l'occasion de nos différentes rencontres que nous bâtirons l'Unité et la fraternité. Le monde d'aujourd'hui nous donne une leçon par le développement des moyens de communication. Même si tout n'est pas parfait, c'est une leçon d'ouverture , de rencontre pour un monde nouveau. L'unité est toujours à construire. Elle doit être comme une espérance dans notre cœur et un devoir dans notre vie

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Juin 2017

BÂTISSEURS DU MONDE

Certains titres portés par les autorités ecclésiastiques sonnent souvent mal à l'oreille de l'homme moderne. Appeler le pape « Saint Père » ou « souverain pontife » n'est plus de notre siècle. Ces titres sont de moins en moins utilisés par les médias comme par les chrétiens catholiques. Dans le monde sécularisé, l'homme, quelles que soient ses responsabilités, son degré de spiritualité ou de connaissance, est un être humain comme les autres. Ces qualificatifs ne sont pas seulement des titres honorifiques. Ils révèlent la vocation et la mission confiées à un homme qui accède à certaines responsabilités. En disant à Simon « tu es Pierre », Jésus ne voulait pas changer son nom parce qu'il est devenu apôtre mais pour lui révéler sa nouvelle mission et sa vocation dans l'annonce de l'Evangile, dans l'édification de l'Eglise, communauté de disciples du Christ ressuscité. Comme Jésus est l'image du Christ invisible, les baptisés ont pour mission de faire connaître le Christ au monde moderne, de révéler aux hommes la vraie image de Dieu. Dieu est Père,il est miséricorde et se fait proche des hommes pour les sauver. La religion est pour le salut de l'homme blessé par le péché pour le réconcilier avec son créateur. Dieu sauve en faisant à la fois justice et miséricorde. Les fausses images de Dieu, la mauvaise compréhension des textes sacrés et le contre-témoignage de certains responsables religieux sont des causes de guerres de religions et de l'athéisme. Le saint père est témoin de l'amour paternel de Dieu, de ce Dieu qui sauve en consolant. Comment le monde arrivera-t-il à la foi s'il n'y a pas des témoins de cet amour de Dieu pour tout homme, des hommes porteurs et signes de cet amour divin. Nous sommes devant Dieu pour le bien de tous. Nous sommes avec tous parce que Dieu est le Père de tous. Jésus a réconcilié l'humanité avec Dieu. Il est comme un pont entre ciel et terre, entre les différentes races et cultures. Dans le nouveau Testament, Jésus n'a pas eu peur de traverser les frontières géographiques, culturelles et religieuses pour rencontrer les hommes. Dans notre monde où – pour différentes raisons – la peur de l'autre s'installe, certains pensent que les murs sont les seuls moyens pour se protéger et être en sécurité. Comme chrétiens, nous parlons du Christ aux autres mais n'oublions pas que le Christ nous parle aussi à travers eux. Le pape nous exhorte à ne pas construire des murs, à ne pas tracer de frontières, à ne pas rester indifférent à l'égard de l'étranger. Ce qu'est le pape « père et pontife », c'est ce que doit être l'Eglise et chaque chrétien. Nous devons être miséricorde de Dieu pour le monde et « pontife » pour la construction d'un monde nouveau. Ces deux titres vont nous permettre de renaître comme humains et comme chrétiens.

Mai 2017

La première en chemin

Cette année, nous commémorons les 500 ans de la Réforme protestante.

C'est un moment important pour l'Eglise mais un anniversaire douloureux pour tous les chrétiens. Comment pouvons-nous célébrer avec joie un schisme, une séparation entre chrétiens, fils d'un même Père, disciples d'un même Seigneur ?

Aujourd'hui, avec le progrès du dialogue œcuménique, nous nous appelons frères séparés. Cela semble contradictoire de se dire frères et de se séparer.

Nous prenons conscience que nous sommes frères parce que nous partageons la même foi, nous adorons un même Seigneur et nous sommes tous fils d'un même Père. C'est la manière de comprendre, de vivre et de célébrer cette foi qui nous différencie. Parmi les éléments de différence, il y a la dévotion mariale. Marie en elle-même n'est pas un problème. On a fait d'elle un problème entre les Eglises et les chrétiens. Elle est comme un pont entre chrétiens catholiques et musulmans mais objet de discussion et de tension entre catholiques et protestants. Marie a été une bonne mère pour le Christ, bonne servante pour le Père et temple glorieux de l'Esprit.

Jamais dans l'histoire du salut, un être humain n'a été aussi proche

et en contact direct avec le Trinité sainte . Marie a été mère, servante et mère-disciple dans l'Eglise naissante, disciple avec tous les disciples dans l'attente de l'Esprit de Pentecôte.

La dévotion mariale comme son rejet sont devenus un signe d'identité religieuse.

Mère du Christ, Marie est devenue l'objet paradoxal du culte le plus fervent du côté catholique et du silence le plus prudent du côté protestant. Elle nous conduit au Christ et éclaire le mystère du Christ. St Paul écrit dans l'épître aux Galates que Jésus est né d'une femme. Ga 4,4. Vrai homme, il a pris chair dans le sein de Marie. Par con incarnation, il a épousé la faiblesse humaine et à Nazareth, il a été façonné par une culture et une religion. Par sa manière de penser, de parler, de prier, de vivre, on comprend que Jésus a été un vrai juif, connaissant la Loi de Moïse et la Tradition prophétique.

De la vie de Marie, on peut retenir quatre éléments importants pour nous : elle est un modèle de foi. Sa cousine Elisabeth lui adresse cette béatitude : « Bienheureuse celle qui a cru ce qui lui a été dit de la part du Seigneur. »

Elle est modèle de service et de disponibilité comme il est écrit dans l’Évangile de Luc: « en ce temps-là, Marie partit en hâte pour se rendre dans le haut pays,dans une villa de Judas. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth. » Marie est un modèle d'attention aux pauvres, aux nécessiteux, à ceux qui souffrent ou encore en difficulté quand elle dit à Jésus aux noces de Cana : « ils n'ont plus de vin » ; modèle de pardon au pied de la croix quand elle partage la souffrance et l'humiliation de son Fils.

Marie mérite l'honneur et le respect des patriarches comme Abraham, le père des croyants , Moïse, le libérateur ou David, le roi selon le cœur de Dieu .

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Avril 2017

La joie du Seigneur Un homme sauvé est un homme heureux. Le christianisme est la religion des femmes et des hommes qui ont conscience d'être aimés et sauvés par le Christ. St Paul écrit « car ma vie présente dans la chair,je la vis dans la foi au Christ qui m'a aimé et s'est livré pour moi. » Ga.2,2O. Pour Paul, la foi est un lien privilégié avec le Christ offert à tous pour le salut. Même s'il n'a pas connu le Christ selon la chair, c'est-à-dire de son vivant, il sait qu'il a été aimé lorsque Jésus donnait sa vie sur la croix pour la multitude. Cette heureuse fortune de Paul est offerte à tous. Dans la religion chrétienne, ce n'est pas l'homme qui cherche Dieu pour être sauvé mais Dieu qui cherche l'homme. Si l'homme cherche Dieu, c'est parce que Dieu est toujours à sa recherche. Le salut est un accueil du don gratuit de Dieu. La foi est réponse à cet amour, à ce don du Christ. Chaque chrétien doit être habité par la certitude d'être aimé de manière personnelle et irremplaçable. Selon Paul, le chrétien est fondamentalement habité par la joie du salut. Il vit dans l'action de grâce envers le Christ, sauveur et Seigneur. Hélàs,comme écrit le pape François dans son encyclique Evangelii gaudium : « il y a des chrétiens qui semblent avoir un air de carême sans Pâques. En eux, écrit-il, manque la certitude personnelle d'être infiniment aimé, au-delà de tout . » Manquer de joie n'est pas chrétien. La Bible ne cesse de nous montrer la place que l'homme occupe dans le coeur de Dieu, indépendamment de ses actes et de la qualité de sa vie. Pourquoi ne pas entrer dans ce fleuve ou océan de joie, s'interroge le pape... Il ajoute : « j'invite chaque chrétien , en quelque lieu ou situation où il se trouve, à renouveler aujourd'hui même sa rencontre personnelle avec Jésus-Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse. Il n'y a pas de motif pour lequel quelqu'un puisse penser que cette invitation n'est pas pour lui, parce que personne n'est exclu de la joie que nous apporte le Seigneur. » La résurrection du Christ est le plus beau et le plus grand message que l'Eglise annonce à toute l'humanité. Elle révèle l'amour et la miséricorde de Dieu pour tout homme: personne n'est exclu ! Ce message nous invite à prendre conscience de notre valeur comme créature divine et de la dignité dont nous sommes revêtus par la résurrection. C'est à la lumière de la création et de la résurrection que l'homme doit penser et organiser sa vie. La résurrection du Christ « n'est pas un fait relevant du passé ; elle a une force de vie qui a pénétré le monde. Là où tout semblait mort,de partout, des germes de résurrection réapparaissent. C'est une force sans égale. »

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Mars 2017

Le Seigneur vient !

Non, ce n'est pas un cri ou un slogan. Cette phrase exprime l'espérance des chrétiens. « Le Seigneur vient » engage les chrétiens à se mobiliser pour préparer sa venue dans le monde. C'est un rêve qui va un jour devenir réalité.

A l'approche des élections, chaque candidat à la course électorale cherche les mots, utilise des images pour faire rêver les gens, comme si son élection allait provoquer l'avènement d'un monde meilleur. On change des hommes mais souvent les réalités restent inchangées. Les pauvres sont toujours pauvres et les riches continuent de conserver leurs privilèges et leur puissance dans la société.

Le désir d'un monde nouveau est inscrit dans le cœur de l'homme. Dans la liturgie, il y a un beau chant : « J'ai fait le rêve d'un monde, monde plus beau à faire ensemble, rêve d'un monde, monde nouveau ». Oui, un monde meilleur, une vie meilleure. « Le Seigneur vient » est une critique du monde actuel avec ses injustices, ses inégalités. Les chrétiens qui travaillent pour le règne de Dieu dénoncent l'ordre établi qui profite à quelques-uns et laisse les pauvre et les faibles au bord de la route. C'est l'annonce d'une société nouvelle ou l'égalité devient réalité, où la justice est appliquée.

« Le Seigneur vient » n'est ni un rêve ni une utopie. C'est une réalité déjà présente et agissante dans l'histoire. Elle grandit lentement. Le droit et la justice sont pareils aux plantes qui poussent malgré les obstacles ou les caprices de la météo. La foi chrétienne reconnaît la présence et l'action de Dieu dans la vie et l'histoire des hommes. La grâce de Dieu a pour objectifs la transformation du cœur de l'homme, la protection de la création qui révèle la puissance et la sagesse du Créateur.

En s'engageant pour un monde meilleur, les chrétiens, avec le Christ et comme le Christ, travaillent pour la venue de son règne. Ils se laissent habiter par l'amour de Dieu, bon et miséricordieux, qui fait lever son soleil sur les bons et les méchants. Les chrétiens pardonnés s'engagent à combattre l'injustice en pardonnant. Ils sont les véhicules de l'amour et de la miséricorde de Dieu qui désire le salut de tous. Sans cet amour et cette miséricorde divine, l'action de l'Eglise risque d'être une tragédie. L’histoire nous montre que des pauvres, une fois libérés par la force ou la violence, peuvent se révolter. Le Seigneur vient pour un monde nouveau mais avant tout pour un homme nouveau, devenu créature nouvelle par la conversion.

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« Qui ira pour nous ? »

Ce verset tiré du livre du prophète Isaïe nous concerne tous aujourd'hui en ce mois d'octobre, mois de la mission universelle de l'Eglise. La question est posée à tous les baptisés, quels que soient leur âge et leurs conditions de vie.

C'est comme si Dieu avait un problème et cherche des personnes disponibles pour faire sa volonté dans le monde. Ce problème est éternel dans le cœur de Dieu.

Il a besoin de volontaires disponibles et de notre service pour le bien de son peuple. Dieu a vu la misère et la détresse de son peuple et semble ne trouver personne pour parler en son nom.

La mission n'est pas seulement l'affaire des autres mais de tous les baptisés qui forment la grande famille de Dieu. Et Dieu attend une réponse claire et rapide de chacun d'entre nous pour travailler dans son champ. Avant de répondre, certains voudraient comprendre ce que suppose la mission, pour savoir s'ils sont capables de s'engager dans cette aventure.

La mission est d'abord rencontre. Jésus allait à la rencontre de tous pour annoncer la Bonne Nouvelle. Rencontrer le Christ, c'est rencontrer Dieu lui-même. Jésus disait « qui m'a vu a vu le Père ». On devrait pouvoir dire d'un chrétien « qui l'a vu a vu le Père ». Nous sommes comme des lieux de rencontre entre Dieu et l'homme.

Un missionnaire est un homme ouvert, vivant sa foi sans gêne et sans peur. Pour lui, la foi est un don merveilleux qu'il faut communiquer, partager.

Dans nos sociétés actuelles où la place des réseaux sociaux est énorme, il nous faut créer des réseaux de rencontre et de partage de la Parole de Dieu pour que la Bonne Nouvelle soit répandue. La communication est un des grands problèmes de l'Eglise aujourd'hui. Il est nécessaire de chercher des moyens efficaces pour que le message du Christ soit diffusé dans notre monde.

Jésus a dit aux apôtres : « Allez ! » et nous nous sommes assis ... nous attendons que le monde vienne à nous. Pour faire comprendre son message aux hommes de son époque, Jésus a utilisé des paraboles, les allégories, parfois les contes.

Il était toujours en mouvement entre Jérusalem et la Samarie pour annoncer cette Bonne Nouvelle.

En ce début d'année pastorale, demandons à l'Esprit de Pentecôte de nous inspirer une pastorale au service de ce monde que Dieu aime.